Blogueur invité : Terry Gitersos
L’un des défis que j’ai dû relever pendant mon processus de demande d’emploi a consisté à déterminer exactement quels postes j’essaierais d’obtenir. Souffrant de l’épuisement qui suit souvent la présentation d’une dissertation et souhaitant repartir à neuf après ma carrière universitaire, j’avais décidé catégoriquement, lorsque je me suis lancé dans ma recherche d’emploi, que je ne voulais pas travailler dans un domaine lié à mon champ de compétence (ce n’est pas comme s’il y a une multitude de postes offerts dans ce domaine de toute façon, mais revenons à nos moutons). J’ai donc envoyé une tonne de demandes se rapportant à des postes pour lesquels je ne possédais pratiquement aucune expérience.
Après avoir passé quelques mois à expédier des demandes sans que rien aboutisse, j’ai commencé à axer mes efforts sur le genre d’emplois qui m’intéressaient. J’ai donc organisé ce que les conseillers en emploi appellent des « entrevues informatives ». Cela consistait à communiquer avec des membres du personnel d’entreprises où je pouvais m’imaginer travailler, à les convaincre de me rencontrer en leur offrant de leur payer un café, à leur poser des questions pour en apprendre davantage sur leur profession et à les supplier de m’aider (de façon gracieuse, je l’espère).
Cela peut vous sembler une pratique affreusement désagréable et désespérée, ou, du moins, c’est ce que je pensais lorsque j’ai envisagé pour la première fois de me lancer dans cette voie, mais ce n’est vraiment pas si pire que cela. Bon nombre de personnes sont très heureuses de pouvoir vous aider – ou d’avoir une bonne excuse pour quitter le bureau et aller prendre un café. De plus, il ne s’agit pas vraiment de quêter un emploi, mais davantage de se mettre en valeur, de faire connaître sa disponibilité et d’établir des liens. Dans un marché où la concurrence est très forte et où près de 85 % des emplois offerts ne sont jamais rendus publics, les chercheurs d’emploi doivent se décarcasser pour se faire connaître des personnes ayant les pouvoirs de recruter du personnel. Envoyer négligemment des curriculum vitae et des lettres d’accompagnement n’est pas suffisant, en particulier pour les chercheurs d’emploi comme moi qui veulent, finalement, changer de carrière.
Par exemple, une entrevue informative m’a permis récemment d’être convoqué à une entrevue pour un poste que je n’avais vu annoncer nulle part, rien de moins. Pour les sportifs à la maison qui aiment compter les points : nombre d’entrevues d’emploi obtenues après l’envoi de plus de 200 curriculum vitae et lettres d’accompagnement : 1; nombre d’entrevues obtenues suite à une dizaine d’entrevues informatives : 1.
Pour être bien honnête avec vous, le poste en question était trop beau pour être vrai. D’abord, si cela n’avait pas été de mon contact, je n’en aurais jamais entendu parler. Ensuite, l’emploi relevait d’un domaine que je trouve stimulant, les compétences de base requises correspondaient parfaitement à mes habiletés transférables acquises au doctorat et le salaire annoncé dans l’avis d’emploi représentait de 60 à 100 % de plus que ce que je m’attendais de gagner pour mon premier emploi après mes études. Il s’agissait véritablement d’un scénario des plus optimistes.
L’entrevue s’est bien déroulée. Les intervieweurs étaient très agréables, ont tout fait pour me mettre à l’aise et n’ont pas posé de questions impossibles ou déconcertantes dans le but uniquement de me voir me tortiller sur mon siège. Je suis plus ou moins heureux de la façon dont j’ai répondu à leurs questions. Après l’entrevue, il y avait un bref examen de compétences à passer. Même si je sais très bien que je n’ai pas répondu à toutes les questions parfaitement, je doute cependant que je me sois complètement planté. Lorsque je sauvegardais l’examen de compétences sur l’un des ordinateurs de l’entreprise comme on me l’avait demandé, j’ai aperçu le nom de la personne qui avait été interviewée la journée précédente. Il avait passé le même examen et, de toute évidence, on lui avait demandé de le sauvegarder au même endroit. En tant que fier membre de la génération Y, j’ai cherché son nom sur Google dès mon retour à la maison. Hélas, non seulement ses diplômes d’études supérieures équivalaient aux miens, mais ses diplômes et travaux de recherche étaient bien plus pertinents au poste que les miens. En plus, il avait d’autres qualifications que je ne possédais pas. À moins qu’il soit totalement dépourvu d’entregent et nul en entrevue, il semblait certainement avoir une longueur d’avance sur moi.
Finalement, aucun de nous n’a décroché l’emploi. C’est plutôt un troisième candidat, dont les titres de compétences, les habiletés et l’expérience dépassaient considérablement les nôtres, qui a été embauché. Étant donné que je m’attendais à ce résultat, je ne suis pas du tout amer. Il est extrêmement frustrant d’envoyer des demandes d’emploi sans jamais obtenir de réponse ou de commentaire, j’ai de quoi me réjouir lorsque je suis convoqué en entrevue, même si cela n’aboutit pas un emploi. Qui plus est, j’ai maintenant la preuve irréfutable que les entrevues informatives fonctionnent puisqu’un service des RH ne m’aurait jamais convoqué à une entrevue pour cet emploi – qui était vraiment trop beau pour être vrai – si je n’avais pas mentionné le nom de mon contact dans la première phrase de ma lettre d’accompagnement. Cela dit, l’entrevue m’a toutefois rappelé à juste titre que d’avoir des contacts ne m’aidera que dans une certaine mesure et que, dans une ville regorgeant de chercheurs d’emploi très scolarisés, j’aurai de la difficulté à obtenir un emploi dans des domaines autres que le mien. Même si je ne veux toujours pas travailler dans mon domaine d’études, je dois avouer qu’il s’agira peut-être de ma meilleure chance d’obtenir un emploi, voire de ma seule chance. Au moins, je sais maintenant qu’il s’agit d’une option à envisager pour l’avenir.