Un stage pas comme les autres : l’expérience de l’AIT pour les étudiant·es internationaux

Par Ryan Tishcoff avec la contribution de The Dais et Medow Consulting

Pour de nombreux étudiant·es internationaux, obtenir une expérience professionnelle pendant leurs études ne consiste pas seulement à peaufiner un CV ou à nouer des contacts avec les bonnes personnes, mais aussi à s’orienter dans un labyrinthe de règles relatives aux visas, d’attentes culturelles et de marchés de l’emploi peu familiers. Malgré les difficultés, l’acquisition d’une expérience professionnelle dans le monde réel peut constituer un élément transformateur de leur parcours universitaire, en façonnant non seulement leur carrière, mais aussi leur sentiment d’appartenance et leur confiance en eux dans un nouveau pays. L’apprentissage intégré au travail (AIT) est une forme d’éducation expérientielle qui intègre l’expérience professionnelle dans le programme d’études des étudiant·es, souvent par le biais de coopératives, de stages ou d’exercices pratiques (voir le Guide de l’AIT du COQES). Un nombre croissant de travaux mettent en évidence le fait que l’AIT favorise la transition des étudiant·es vers le monde du travail. Cependant, on sait peu de choses sur l’expérience des étudiant·es internationaux en matière d’AIT.

Pour explorer cette question, The Dais at TMU et Medow Consulting ont organisé en 2024 des groupes de discussion avec des étudiant·es internationaux et des diplômé·es récent·es de la région du Grand Toronto. L’objectif était de mieux comprendre les avantages et les défis de l’AIT. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du consortium de recherche 2023 du COQES sur l’éducation internationale qui a invité le secteur postsecondaire de l’Ontario à réfléchir à la manière dont nous pouvons mieux soutenir nos étudiant·es internationaux et améliorer la qualité de l’éducation qu’iels reçoivent. Les groupes de discussion ont révélé des thèmes qui soulignent le potentiel de l’AIT à renforcer la préparation à l’emploi et à élargir les parcours professionnels des étudiants internationaux.

L’AIT peut faciliter la transition des étudiant·es internationaux vers le monde du travail.

Notamment, cette recherche s’est déroulée dans le contexte de changements importants de la politique internationale en matière d’éducation en Ontario et au Canada. En plus de la mise en place d’un plafond pour les étudiant·es internationaux, le gouvernement fédéral a réduit le nombre d’heures de travail hors campus admissibles pour les étudiant·es internationaux à 24 heures par semaine, alors que la limite temporaire de 40 heures avait été introduite pendant la pandémie de COVID-19. Ce changement permet aux étudiant·es de se concentrer sur leurs études tout en leur donnant la possibilité d’acquérir les compétences et l’expérience dont ils auront besoin au cours de leur transition professionnelle. L’accès à des expériences d’AIT de qualité est un élément important pour s’assurer que les étudiant·es internationaux sont prêt·es à travailler au moment où iels obtiennent leur diplôme.

Les participant·es ont décrit plusieurs avantages à s’engager dans l’AIT. Certains d’entre eux recoupent ce que nous entendons souvent de la part des étudiant·es nationaux, à savoir que les stages d’AIT aident les étudiant·es à acquérir des compétences et une expérience pertinentes pour le secteur d’activité et qu’iels peuvent tirer parti de leurs relations et des opportunités de réseautage pour trouver un emploi à temps plein par la suite. De même, les équipes de recherche ont appris que l’AIT offrait aux participant·es la possibilité d’appliquer leurs connaissances académiques en développant le travail d’équipe, la résolution de problèmes et d’autres compétences transférables. Dans certains cas, les étudiant·es ont également pu gagner de l’argent pour couvrir leurs frais de scolarité et leurs dépenses courantes.

L’AIT offre la possibilité de développer des compétences transférables pertinentes à chaque industrie.

D’autres avantages sont plus spécifiques à l’expérience des étudiant·es internationaux. Les participant·es ont déclaré que l’AIT les avait aidés à se familiariser avec les lieux de travail canadiens et leur avait permis d’approfondir leurs connaissances des différentes cultures organisationnelles et dynamiques professionnelles. Cela leur a permis de se faire une idée de ce à quoi pourrait ressembler leur lieu de travail idéal, ce qui les a aidés à orienter leurs recherches d’emploi et à faciliter leur transition vers le marché du travail. En outre, les participant·es qui avaient une expérience professionnelle avant leur arrivée au Canada estimaient souvent que l’AIT leur donnait l’occasion de mettre en valeur et de développer leurs compétences existantes.

L’AIT expose les étudiant·es internationaux aux cultures et dynamiques organisationnelles canadiennes.

Les participant·es aux groupes de discussion ont également identifié des obstacles qui rendent parfois difficile l’accès à l’AIT et la possibilité d’en bénéficier. Certain·es ont eu du mal à trouver et à garantir des placements rémunérés, se contentant de rôles bénévoles pour acquérir de l’expérience et répondre aux exigences du programme. Dans certains cas, iels ont eu le sentiment de ne pas avoir reçu un soutien adéquat de la part de leur établissement pour obtenir un placement, et d’avoir été abandonné·es à naviguer dans des informations confuses ou incomplètes sur les emplois disponibles et les conditions d’admissibilités.

Certain·es étudiant·es internationaux ont eu l’impression d’avoir été abandonné·es pour naviguer dans des informations confuses sur les emplois.

Les participant·es ont également indiqué qu’iels avaient dû surmonter des obstacles systémiques dans le cadre de leurs expériences d’AIT. Certain·es ont indiqué que le financement de certains emplois était limité aux étudiant·es nationaux et/ou qu’iels avaient été exclu·es des possibilités d’emploi en raison de leur statut d’étudiant·e international·e. D’autres étudiant·es internationaux ont déclaré que les employeurs avaient hésité à les embaucher, soit en raison d’un manque d’expérience professionnelle au Canada, soit parce que les étudiant·es nationaux semblaient plus susceptibles de rester dans l’entreprise à long terme.

À l’avenir, le secteur postsecondaire de l’Ontario a la possibilité de tirer parti de l’impact positif de l’AIT auprès de beaucoup d’étudiant·es internationaux. Ces expériences constituent une base solide qui aide les étudiant·es à établir leur carrière et, s’iels le souhaitent, à suivre l’une des voies d’immigration du Canada. L’élimination des obstacles systémiques et institutionnels nous aiderait à étendre ces avantages à un plus grand nombre d’étudiant·es et à maximiser le potentiel de l’AIT à soutenir l’éducation internationale en Ontario. Les prochaines étapes recommandées dans le cadre du processus de recherche sont les suivantes :

  • la normalisation et l’amélioration de la transparence des processus d’AIT dans les établissements;
  • l’amélioration de l’accès des étudiant·es internationaux aux programmes d’AIT soutenus par le gouvernement fédéral;
  • la réduction des exigences en matière de permis de travail pour les étudiant·es internationaux participant à l’AIT;
  • l’alignement des possibilités d’alternance sur les besoins du marché du travail;
  • l’assurance que des aides ciblées soient mises à la disposition des étudiant·es internationaux pour les aider à trouver un stage.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière d’offrir une expérience d’AIT de grande qualité, n’hésitez pas à consulter notre Guide de l’AIT mis à jour. Pour en savoir plus sur l’immigration et le marché du travail des étudiant·es internationaux, consultez nos autres projets du consortium international!

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